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Voyage au Chili
28 novembre 2009

Samedi 28 novembre

Texte: Edmond

Photos: Martine

Retour à Punta Arenas

L’impossibilité d’avoir une place dans l’avion du 28 pour Santiago nous imposa de prévoir une nuit à Punta Arenas. Toujours un peu de surprise en abordant cette ville, la plus au sud du monde (si l’on veut bien admettre que Ushuaia et Port Williams ne sont que des bourgades voire des villages en comparaison des 120 000 habitants de Punta Arenas) : les maisons aux toits multicolores….

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…le désordre habituel, mais avec un air de prospérité car la région a bénéficié de l’essor du pétrole et du gaz, et les conditions de travail y étant assez ingrates, les salaires sont élevés pour le Chili.

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Donc pas de misère, simplement du bidouillage urbanistique, genre cité d’urgence de l’Abbé Pierre, et un mélange curieux d’Europe Centrale, de tradition gauchesca et d’indolence chilienne, ou plus précisément chilote. Et le tout sous un ciel changeant, un soleil presque brûlant précédant de quelques minutes une pluie cinglante et une nuée grise sortie de nulle part.

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En 1843 il n’y avait rien ici, que de la forêt boréale et des indiens. Pour faire valoir ses droits sur la zone le gouvernement chilien décida de lotir de vastes superficies de terre et les attribuer à des colons audacieux. Lesquels durent se débarrasser à la fois de la forêt, qu’ils brûlèrent, et des indiens, qu’ils tuèrent comme du gibier, sauf quelques uns que des Pères Salésiens tentèrent de sauver en les installant sur l’île Dawson. Mais en voulant les civiliser les Bons Pères leur passèrent quelques microbes inconnus qui les tuèrent encore plus vite que le fusil des colons…

Sur les terres libérées les nouveaux propriétaires (ils étaient relativement peu nombreux et chacun de leurs lots faisait au moins 20 000 hectares) installèrent des moutons importés des îles Malouines. Pour organiser la production et l’exportation ils firent venir des régisseurs anglais, irlandais, écossais, néo zélandais. Pour le travail d’exécution les paysans chiliens venus de l’île de Chiloé surpeuplée et au climat plus doux mais aussi venteux et plus humide, donc habitués à des conditions de vie rudes, firent l’affaire et c’est grâce à eux que la Province de Magallanes parle l’espagnol. Enfin les activités portuaires, d’autant plus intense que le trafic maritime passe par là avant  l’ouverture du canal de Panama en 1914, seront prises en main par des Croates qui sont la base du peuplement actuel de la ville.

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Après 1918, avec la diminution du passage maritime, puis la grande crise, puis la concurrence des fibres synthétiques qui pèsera sur le marché de la laine, la ville s’endort doucement et les grandes fortunes s’en éloignent, jusqu’à l’après-guerre et le boom pétrolier.

Depuis toujours la frontière avec l’Argentine est l’objet de chicanes qui menacent parfois de tourner à la vraie guerre. En 1978 elle aurait éclaté, à propos de quelques îles peut-être pétrolifères, sans la médiation du Pape… Quoiqu’il en soit l’armée et la flotte chilienne se font très présentes et dans les rues du centre les soldats qui s’ennuient et les chiens errants se tiennent longuement compagnie.

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Punta Arenas : les Patriciens.

Deux noms s’imposent lorsqu’on veut évoquer les fortunes légendaires de la laine : Nogueira et Braun Menendez.

Le premier bâtit en 1890 une petit Palais dont une partie, classée monument historique, est transformée en hôtel, où nous sommes descendus. Le Roi d’Espagne aussi, en 2004. Il ya des salons agréables….

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… et un jardin d’hiver charmant, où l’on dîne (à noter que le menu y est moitié moins cher que dans le prétentieux et scandaleux hôtel Rio Serrano).

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Les seconds, à savoir les époux Braun-Ménendez qui possédaient chacun quelques millions (oui : millions) d’hectares dans la Patagonie Argentine et Chilienne ont édifié en 1904 une grande demeure bourgeoise, dans le style Renaissance Française, où se trouve aujourd’hui un musée. La famille ne l’habita en permanence que jusqu’en 1918, puis se partagea ensuite entre Santiago, Buenos Aires et Punta Arenas. Dans les années 60-70, les réformes agraires les ayant définitivement dissuadé de continuer l’exploitation agricole, les Braun-Menendez sont partis vers d’autres cieux en léguant à la ville leur petit château et en y laissant tout en état, des meubles aux petites cuillers. C’est un instantané très intéressant du mode de vie et des gouts de magnats des années 1900-1920.

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Château Braun-Menendez : l’entrée.

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Le bureau

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La salle à manger : la toile, à droite sur le mur, a été peinte par le père de Pablo Picasso, professeur aux Beaux-Arts de Malaga.

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Le salon. Les meubles, de style Louis XV, venaient de France. La famille aurait pu s’offrir des pièces authentiques, mais préférait  les copies, plus clinquantes… …

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La chambre. Les meubles, en noyer français, évoquent assez le Faubourg St Antoine…

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Un aspect de la cuisine. Tout le rez-de-chaussée était réservé aux locaux techniques et au logement des domestiques. Il y avait naturellement le chauffage central, et chose rare à l’époque une machine venue de Buenos Aires, qui filtrait l’eau.

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La salle de bain des maîtres. Naturellement : eau chaude, eau froide.

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