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Voyage au Chili
11 novembre 2009

Mercredi 11 novembre

Texte: Edmond

Photos: Martine

Santiago, démesure ? Même si l’agglomération regroupe aujourd’hui plus de cinq millions d’habitants, sur les quinze que compte le Chili, il serait exagéré d’associer la notion de démesure à la capitale. Sauf peut-être pour ce qui est de l’espace occupé : à l’exception de l’hypercentre, les immeubles ont rarement plus d’un étage (c’est déjà une élémentaire protection contre les séismes) et les quartiers, qu’ils soient riches ou pauvres se dilatent à l’infini. La traversée de la ville, qu’il faudra bien négocier pour aller vers la cordillère, est l’affaire d’une heure et demie, parfois deux heures, si tout va bien…

A Vitacura, secteur en principe élégant de l’est de la ville, et à sa manière à peu près aussi désorganisé que tout ce que nous découvrirons ensuite, on a pourtant construit il y a trente années et des poussières trois tours de 16 étages, d’où l’on surplombe le double horizon des villas aux airs vaguement scandinave, et de la cordillère majestueuse et énigmatique, encore chargée des restes déclinants des neiges de l’hiver précédent (qui fut anormalement clément, parait-il).

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Vitacura, vue vers l’ouest

 

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La cordillère vue de Santiago, Cerro del Plomo (5 404 m)

La cordillère, justement. La cordillère proche est celle des stations de ski autour de Farellones. Plus intéressant sans doute est d’aller en direction du « cajon del Maipo », le bassin du Maipo, un ensemble de vallées articulées autour du rio Maipo, qui nait à la frontière argentine et se jette dans le Pacifique à Puerto San Antonio. C’est au sud-est de Santiago, ce qui, venant de Vitacura implique de traverser l’agglomération en empruntant sur près de dix kilomètres le très large anneau circulaire nommé Avenida Americo Vespucio. Il n’y a pas si longtemps la ville s’arrêtait là, aujourd’hui elle déborde cette ancienne limite et lance au-delà ses flots bigarrés de petites urbanisations pavillonnaires pour la classe moyenne inférieure, d’immenses marchés aux puces et de bidonvilles, le tout ponctué de loin en loin de stades ou d’hypermarchés « Lider ». Le soleil monte, la pollution aussi, les avenues et les carrefours au fonctionnement parfois incompréhensible s’étendent à l’infini, et la cordillère recule, recule…

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chaleureuse et brouillonne, une urbanisation du type de celles où vit la majorité des chiliens modestes

On est presque insensiblement sorti de la ville, et la route 692, au-delà de l’autodrome de Las Vizcachas, nous permet de retrouver les « standards » des artères sud-américaines, à un degré moindre qu’en Argentine, mais quand même : ainsi des petits autels dédiés à l’une ou l’autre des nombreuses victimes d’une conduite routière assez anarchique, ou à un de ces « saints » populaires comme le gauchito ou la bienheureuse Correia, que la rumeur crédite de nombreux prodiges… ou encore ces porte poubelles sur trépied métallique qui protègent les sacs de la dent des animaux errants, ou ces chevaux attachés à un pieu qui broutent l’herbe des bas côtés et font faire l’économie du fauchage des talus (encore qu’on ne soit pas bien sûr que l’idée de faucher les talus viendrait aux services locaux de l’Equipement

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Petit autel du bord de route.

Et il y a aussi, dès  les premiers kilomètres parcourus dans la vallée du Maipo, gros torrent boueux en cette époque de fonte des neiges, la profusion des petites guinguettes et des restaurants d’occasion où s’insèrent parfois de grands établissements ; toutes les fins de semaine la foule de Santiago vient y chercher l’air pur, l’ambiance paysanne ou soi-disant telle de la sierra et la nourriture préparée à la bonne franquette ; on y sert les éternelles empanadas, friands fourrés de tout et n’importe quoi (poulet, viande hachée, fruits de mer, légumes divers), les tortillas variées, les viandes cuites au grill (parillada) et toutes sorte d’autres choses. Il faut monter un peu plus haut, au-delà de San Jose del Maipo, pour échapper à cette exubérante mais un peu fatigante surabondance de la bouffe.

Et rapidement, vers l’altitude 1 200, alors qu’on entre dans la vallée du rio Volcan, affluent du Maipo, cesse la chaussée asphaltée ; autre classique de l’Amérique profonde, la piste met parfois les amortisseurs à rude épreuve ; sur les passages de dure « tôle ondulée » que faut-il choisir : ralentir ou au contraire accélérer ? Les deux écoles ont leurs partisans, mais faute d’avoir un 4X4 il vaut mieux rouler au pas.

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Plaisirs et douleurs de la piste ….

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Drames de la piste : camion dans le ravin, vallée du Volcan.

En dix huit kilomètres de poussière on monte jusqu’à Baños Morales, altitude 1 900 mètres, dans une vallée de plus en plus sèche, malgré quelques oasis de prairie et de peupliers où de rares éleveurs proposent, à des prix qui nous semblent dérisoires, un fromage de chèvre très doux. D’où vient qu’on ressent une impression de Caucase, de certaines hautes vallées du Pamir, ou du Cachemire ?

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Haute vallée du rio Volcan

Et aussi, le vent. Le vent éternel de la cordillère qui vient de l’ouest et prend la vallée en enfilade, s’y renforce et devient, dans les grandes altitudes, ce démon imprévisible qui fit tant de mal aux pionniers de l’aviation, plaquant les appareils au sol (dans le meilleur des cas) ou les disloquant en quelques secondes. Ce vent dessèche encore un peu plus la montagne et contribue à renforcer son aspect minéral, à raviver les couleurs de la roche volcanique, qui vont du blanc pur (très surprenant) aux gammes de rouge et d’ocre en passant par le vert de la serpentine et certains jaunes verdâtres très reptiliens.

Laissant la voiture à l’altitude 1 849, on traverse Baños de Morales, hameau pour randonneurs aux allures de bidonville snob, tant il est vrai qu’au Chili on n’entretient pas ; dès leur construction les édifices sont promis à une lente dégradation qui fait leur patine et leur charme. Ainsi en est-il donc de Baños, avec sa curieuse chapelle en bois et ses très nombreux reposoirs en l’honneur de la Vierge, tous fleuris car ici Novembre est le mois de Marie…

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Cabaña (abri de randonneur) à Baños de Morales

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Chapelle de Baños de Morales

Montagne dure, qui se livre difficilement, où nous montons sous un soleil heureusement tamisé. La très haute vallée du Volcan se subdivise et n’en finit pas. Vers le sud on pourrait rejoindre l’extrémité qui touche au volcan San José (5 802 m), qui donna son nom au rio. Il y a là des bains en plein air dans une eau à 60° (qui coule dans plusieurs bassins pour se refroidir !). Mais c’est un peu trop loin. On se contentera de la marche d’approche de la vallée nord, jusqu’à la cote 2 500, limite approximative de la neige, non sans s’être un peu égaré en route (la faute aux chevaux en liberté qui font leur crottin en des endroits trompeurs…) et avoir dû remonter une pente assez casse gueule où nous fût infligée une cinglante leçon d’andinisme pour les nuls…  S’il y a des chevaux c’est qu’il n’y a pas de puma : déception.

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Haute vallée du Volcan

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Haute vallée du Volcan : cote 2500

 

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Haute vallée du Volcan, vue vers le volcan San Jose (5 802 m), dans les nuages…

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