Jeudi 19 novembre
Texte: Edmond
Photos: Martine
Le retour vers Santiago se fait par la même route qu’à l’aller, avec des vues surtout orientées vers la mer, qui est à droite. Tandis que l’horizon marin s’estompe lentement dans une très légère brume qui peu à peu signale notre retour vers la latitude de Santiago trois champs d’éoliennes successifs, œuvre de trois opérateurs différents dont GDF-SUEZ, permettent de compléter la production électrique nécessaire à l’exploitation des mines de cuivre proches de Los Vilos.
Le rivage fait alterner des pointes rocheuses et d’amples criques de sable.
Le sable est d’ailleurs très abondant, au point de former en arrière de la plage de grandes dunes hautes de parfois 200 mètres.
L’océan est toujours parcouru d’une houle assez forte qui génère d’impressionnants rouleaux, sans surfeurs associés car on est encore en basse saison. Au demeurant les plages sont balayées par un perpétuel vent frais, l’eau est froide et on ne retrouve rien des impressions qu’on pourrait avoir sur des plages méditerranéennes. C’est plutôt breton, et encore, le sud Bretagne est sûrement plus doux. Mais les paysages sont beaux, encore propres, pas bétonnés (même s’il y a de petites tentatives ici ou là, à base de bungalows ou cabañas jetées à la diable). Pichidangui est une agréable (à la chilienne, c'est-à-dire toujours aimablement désordonnée) station dotée de placides oiseaux de mer…
… d’une conque de sable abritée et qui en paraîtrait presque polynésienne …
… d’une population de gros lézards verts…
Puis la route 5 s’éloigne de la mer, se tourne vers les Andes et laisse voir, avant de rallier le plateau de Santiago, la masse lointaine (plus de 100 kms à vol d’oiseau) de l’Aconcagua, en Argentine, point culminant des Amériques (on va dire 7 000 m, pour simplifier ; les puristes savent qu’il y a quelques mètres de moins.
La route
La route chilienne est meurtrière. Rien d’étonnant. Elle se compose en majorité d’un réseau de pistes peu empruntées, mais délicates dans certaines circonstances (pluie, éboulements soudains, obscurité). La circulation dans l’ensemble se reporte sur un kilométrage insuffisant de routes secondaires goudronnées, mais souvent mal tracées, imprévisiblement rongées par les nids de poules et autres obstacles comme des gués pavés aménagés en prévision de la rare crue d’un « vado ». Ou bien encore sur le grand axe nord-sud, la ruta 5, également dénommée Panaméricaine.
Dans le registre local c’est une autoroute. Mais elle n’est pas réellement séparée du reste du monde et donc envahie par une population en principe interdite, de vendeurs ambulants squattant les bas-côtés pour vendre des fruits ou des fromages de chèvre,
ou des spécialités locales comme les dulces (douceurs, friandises) de La Ligua – on les repère à l’espèce de crinière blanche qu’ils agitent - de piétons traversant n’importe où, voire même avec leur vélo, pourquoi pas,
de charrettes, de tracteurs, de cyclistes roulant éventuellement à contre-sens…
Alors on élève des monuments en souvenir des gens morts dans les nombreux accidents, comme celui-ci, qui concerne 6 membres de la même famille :
Ou on dresse, pour se concilier les dieux, des temples invoquant des « saints » populaires telles la difunta Correia à laquelle est consacrée un véritable monument au bord de la piste qui relie Vicuña à Hurtado :
La défunte Correia est une femme retrouvée morte au bord d’une route d’Argentine avec son bébé lui tétant un sein toujours gonflé de lait. Les camionneurs, en particulier, lui vouent un culte. Ils lui donnent en offrande leurs bouteilles d’eau vides.
Mais aussi toutes sortes d’objets, même un enjoliveur de voiture…